985 suppressions d'emplois annoncées à Belfort par le groupe américain General Electric. Même si le plan social était dans l'air, les salariés ont pris la nouvelle comme un coup de massue ce mardi 28 mai.
Des salariés assommés par la nouvelle
"Je ressens la honte, je ressens du mépris, j'ai la haine, j'ai tout ce que vous voulez", dit Arnaud Petitjean, 50 ans, employé dans l'entité turbines à gaz. "Aujourd'hui j'ai 50 ans, j'ai encore un crédit sur le dos et (...) je vais me retrouver au chômage. Je vais encore trimer pendant dix ans, douze ans, jusqu'à ma retraite, c'est la honte", poursuit-il.
Sébastien ne travaille pas dans l'entité gaz mais dans un secteur visé par une procédure de rupture conventionnelle collective (RCC) lancée en début d'année par GE dans sa division énergie. Lui se dit "surpris par la rapidité de l'annonce après l'élection européenne", au surlendemain du scrutin, et avance, un brin résigné, que "tout était préparé et négocié d'avance" entre le gouvernement et General Electric. "On est assommé", souffle Thierry qui redoute les conséquences de ces suppressions de postes sur la ville de Belfort: "Avec ces départs, les commerçants vont souffrir". Depuis que l'hôpital a quitté la ville en 2016 pour s'installer en périphérie, "les commerçant ont (déjà) noté une baisse d'activité", note Thierry.
"On est dans une guerre économique avec les Etats-Unis, c'est un acte de guerre", assène-t-il, disant redouter qu'à terme "tout ne soit ramené aux Etats-Unis" où se trouve le siège de GE.
Cet autre salarié croisé devant le site l'assure: "On a conseillé aux managers de rentrer chez eux avec leur ordinateur portable. La direction craint que le site ne soit bloqué..."
"Heureusement, ma femme travaille, ça va sauver les meubles" lance un autre salarié à la sortie du site de Belfort. Dans la ville, les commerçants sont également inquiets de ces annonces.
Le groupe américain a annoncé ce mardi la suppression envisagée de plus d'un millier de postes en France.
Depuis plusieurs mois, les salariés se doutaient que GE préparait un plan social. Le chiffre de 800 postes supprimés avait même circulé sur leur site. Et la confirmation officielle de cette coupe claire et de son ampleur en a étonné plus d'un.
Mardi, à la mi-journée, rares étaient ceux qui s'attardaient devant l'imposante Porte de la Découverte, principal accès aux usines de GE Belfort. Plus rares encore, ceux qui ont accepté de communiquer leur identité: "Je préfère garder l'anonymat, vu le contexte...", glisse un salarié. "C'est catastrophique pour la région et c'est dommage pour le savoir-faire, déjà que les compétences techniques se perdent...", soupire-t-il.
Des mesures d'accompagnement social et psychologique sont annoncées
"On n'est pas surpris, la question était de savoir combien" de postes allaient être concernés, lâche, fataliste, un autre anonyme employé dans les fonctions support, secteur moins touché que l'entité turbines à gaz qui emploie 1.900 des 4.300 salariés GE de Belfort.
Celle-ci va payer le prix fort: selon les détails du projet dévoilés par un porte-parole de GE mardi, jusqu'à 792 suppressions de postes sont envisagées dans cette entité, 252 dans celle dédiée aux fonctions supports.
Dans un message interne, la direction du site annonce des "mesures d'accompagnement social et psychologique" pour les salariés comme la création de "groupes de parole".